Theresa Power est la bibliothécaire chargée de l’accès et du contenu au CAÉB, qui a pour tâche enviable de sélectionner les livres de notre collection. Theresa collabore étroitement avec le programme Forêt de la lecture pour s’assurer que les élèves incapables de lire les imprimés puissent lire des versions accessibles des titres de la Forêt de la lecture et ainsi participer au programme avec leurs camarades de classe. Elle a récemment discuté avec l’une des membres du comité au sujet de la Forêt de la lecture.
Theresa Power (TP) : J’ai la chance de travailler avec la Forêt de la lecture depuis de nombreuses années, en tant que bénévole au sein de leurs comités White Pine et Red Maple, mais également professionnellement car je choisis les livres que le CAÉB est en mesure d’offrir en formats accessibles. Il est donc logique que mon tout premier billet de blogue parle d’un groupe avec qui j’ai cumulé de nombreuses heures de lecture et de discussion. Je me suis assise (virtuellement) avec ma collègue Lauren Flattery, une ancienne enseignante-bibliothécaire bénévole de la Forêt de la lecture et par ailleurs coprésidente du Comité Silver Birch, section Roman, pour discuter des tenants et des aboutissants de la Forêt, de la démarche des membres des comités pour choisir les livres de la liste finale, et de l’expérience du lecteur pendant la pandémie de COVID-19.
TP : Pouvez-vous parler de votre rôle avec la Forêt de la lecture et des circonstances qui vous ont amenée à être bénévole dans ce programme?
Lauren Flattery (LF) : Je suis coprésidente du Comité Silver Birch, section Roman, bien que j’aie siégé au comité directeur il y a de nombreuses années. Être bénévole à la Forêt de la lecture est un moyen de renvoyer l’ascenseur à un programme qui a été si important pour mes élèves et les enseignants avec qui j’ai travaillé. J’étais titulaire d’une classe voilà 20 ans et l’enseignant-bibliothécaire de cette école avait mis sur pied un programme Forêt de la lecture très populaire. J’ai fait le pari dans ma classe de faire qualifier tous mes élèves au prix Silver Birch Express ou Silver Birch Fiction. Et nous avons réussi! Quelques années plus tard, je suis devenue enseignante-bibliothécaire et j’ai pris la relève avec le programme. Lorsque j’ai changé d’établissement, j’ai démarré un programme Forêt de la lecture dans ma nouvelle école. Le bénévolat à l’Association des bibliothèques de l’Ontario était fortement recommandé par les moniteurs de mon cours d’enseignante-bibliothécaire spécialiste, alors c’est à ce moment que j’ai postulé pour être membre du comité directeur.
TP : Généralement, quel est le processus suivi pour dresser la liste finale de livres? Les pratiques sont-elles différentes d’un programme à l’autre?
LF : Nous examinons les titres mis en nomination par les éditeurs et nous essayons d’éliminer d’emblée ceux dont nous savons qu’ils ne conviendront pas. En l’état actuel des choses, les membres du comité lisent plus d’une centaine de livres! Lorsque nous indiquons à Tinlids, notre distributeur de livres, quels ouvrages nous voulons faire lire au comité, des boîtes de livres sont expédiées. Les membres lisent les livres dans l’ordre de leur choix, puis les commentent et leur attribuent une note en ligne. Le classement et les commentaires incitent parfois les membres à relire un ouvrage qu’ils n’avaient pas aimé au départ. À la fin d’août, nous tenons une téléconférence pour finaliser la liste des candidats. Pour s’y préparer, les membres sont invités à soumettre leurs 15 premiers choix de romans et leurs huit premiers choix Express. Je compile ces résultats sur un tableur et je les transmets aux membres du comité avant de nous réunir pour dresser les listes finales. Les tout premiers titres sont (habituellement) faciles à déterminer et font peu débat. Ensuite, nous allons un peu plus dans les détails pour les choix suivants. Au final, nous veillons à ce que la liste soit équilibrée en matière de genres et de représentation. Le sexe des publics cibles était auparavant un enjeu beaucoup plus important qu’actuellement – y avait-il assez de livres « de garçons »? Ce n’est aujourd’hui même plus un sujet de discussion. Nous nous concentrons surtout sur l’authenticité des voix et sur tous les types de représentation. L’essentiel est la qualité littéraire – un livre peut être représentatif, mais il doit être d’une très grande qualité pour nous convaincre. Heureusement, nous pouvons compter sur de très très bons écrivains dans ce pays et la qualité littéraire augmente chaque année. La pression exercée par l’ABO incite les éditeurs à rechercher des écrivains de grande valeur. Les comités d’autres prix ont tendance à discuter moins longtemps – nous sommes connus pour prendre deux heures ou plus pour dresser les listes finales. Le comité du prix Blue Spruce n’organise pas de discussions en ligne – du moins ce n’était pas leur habitude, mais juste une téléconférence. Nous devons parfois batailler avec le comité du prix Red Maple à propos de certains titres. D’ailleurs nous avons une dette envers eux pour l’an prochain.
TP : Avez-vous remarqué des sujets tendances dans vos lectures de cette année? Devons-nous nous attendre à davantage de livres sur les vampires? 😊
LF : Wow, c’est déstabilisant, je ne sais pas trop pourquoi. Je crois que chaque membre de comité aurait une réponse différente. Voici mon choix : la fantasie (genre situé à la croisée du merveilleux et du fantastique) autour des personnes autochtones, noires et de couleur, une fantasie qui puise dans le riche héritage culturel d’habitants de toute la planète. C’est la tendance que j’observe et qui le mérite pleinement.
TP : Pensez-vous à des titres en particulier que vous avez vraiment appréciés ou qui vous ont sauté aux yeux? Des titres controversés ou qui ont fait l’objet de vifs débats?
LF : Je ne peux divulguer aucun titre sous aucun prétexte – et même si je pouvais, voici ce qu’il en est. Les membres du comité sont tenus de soutenir tous les choix. Tout titre controversé ou privilégié doit donc rester inconnu à jamais du grand public. Cela étant dit, un titre ressort du lot presque chaque année, soit parce que nous l’aimons tous ou soit parce que nous estimons qu’il est trop audacieux pour notre public cible. Mais si nous « assumons » ce choix et le retenons, nous acceptons de le défendre en cas de controverse. Nous devons parfois voter pour départager deux titres. De temps à autre, l’un des membres émet un point de vue particulier en raison d’une expérience personnelle qui change la donne sur un ouvrage. Le processus demeure quelque peu opaque, j’en conviens, mais je crois qu’il fonctionne. Les véritables lauréats sont avant tout choisis par les enfants.
TP : La pandémie de COVID a tout bousculé, que ce soit notre manière de travailler, de manger ou de profiter de la vie. Pouvez-vous nous décrire comment votre groupe a organisé ses lectures pendant cette période? Avez-vous connu des défis ou des triomphes en particulier?
LF : Sans blague, pour ma part j’ai vécu une période où tout ce que je lisais me paraissait terne et ennuyant. Heureusement, d’autres personnes ont fait part d’une expérience similaire, alors j’ai su que je n’étais pas la seule. Nous avons dû passer aux versions en PDF, ce qui ne revient pas exactement à lire des livres électroniques. Nous dépendions fortement de notre connexion à Internet. En revanche, certains membres qui avaient de jeunes enfants ont trouvé l’utilisation des PDF plus simple. L’une des membres a estimé disposer de plus de temps puisqu’elle travaillait à la maison. En tant que présidente, je me suis sentie plus responsable de garder contact avec les membres et de manifester mon soutien qu’au cours des années précédentes. Pour la toute première fois, j’ai conseillé aux membres du comité d’écouter leur intuition et de ne pas lire un livre jusqu’au bout s’ils étaient certains de ne pas avoir entre les mains un prétendant au prix.
TP : Je crois que le comité a fait d’excellents choix, même si la pandémie de COVID a quelque peu modifié le processus. Je suis impatiente d’ajouter ces titres à notre collection. Merci beaucoup Lauren d’avoir pris le temps de discuter avec moi et de nous avoir donné un aperçu du processus de sélection. Pour en savoir plus au sujet des titres de la Forêt de la lecture que propose le CAÉB cette année, consultez la page de notre site Web consacrée à la Forêt de la lecture.
Enseignante-bibliothécaire à la retraite du Conseil scolaire du district de Durham, Lauren Flattery est actuellement au service de la Bibliothèque publique de Pickering.
Theresa Power est la bibliothécaire chargée de l’accès et du contenu au Centre d’accès équitable aux bibliothèques.
Si vous souhaitez vous porter bénévole au programme Forêt de la lecture, vous trouverez le formulaire de candidature sur le site Web de l’ABO. L’ABO recherche des personnes ayant diverses expériences dans le milieu des bibliothèques, de toutes les régions de l’Ontario, des personnes autochtones et des personnes aux horizons divers (âge, appartenance raciale et ethnique, orientation sexuelle, identité du genre et capacités). Pour toute question sur la manière de s’engager, communiquez avec l’agent de liaison de l’ABO chargé des comités et conseils.